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YamVenegre

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PLATON ET LE PLANNING FAMILIAL 

Platon et le planning familial. Quelle idée ! Quel titre loufoque ! N’est-ce pas un peu bizarre de mettre en rapport Platon, un penseur de l’antiquité avec une thématique aussi actuelle que le planning familial. Généralement, le nom de Platon fait penser à beaucoup de chose sauf planning familial. Parler de ce maître de l’antiquité, c’est par exemple nous entretenir sur sa théorie des idées, sa théorie du monde intelligible et du monde sensible. On peut encore épiloguer sur sa conception du pouvoir politique, sa fameuse théorie des philosophes-rois ou de sa philosophie de l’art, l’art entendu comme mimésis ? Bref, on s’attend à tout sauf planning familial. Et pourtant ! 

 

 

Si comme le prétend au début du xxe siècle, A. N. Whitehead, que : « la philosophie occidentale n’est qu’une série de notes de bas de page aux dialogues de Platon.» Ne faut-il pas dire que Platon a déjà parlé de tout et que nous n’en faisons que des commentaires ? Pour répondre à une telle question, il nous faudrait bien plus que ces quelques lignes que nous entendons produire sur un possible rapprochement de la pensée platonicienne avec des considérations de Platon sur la fécondité des couples. 

 

 

Maintenant qu’est-ce que le planning familial, pour que nous osions postuler que cela est pris en charge par Platon. Le planning familial pourrait se saisir, selon ce qu’en dit Wikipédia, comme l’ensemble des moyens qui concourent au contrôle des naissances, dans le but de permettre aux familles de choisir d’avoir un enfant. Dit autrement, il y’a un souci de régulation des naissances. On aimerait choisir le moment idéal pour avoir un enfant. Mieux, le nombre d’enfant, très souvent un nombre restreint. En quoi, cela a-t-il été une préoccupation de Platon ? 

 

 

Notre hypothèse de départ est qu’il y a chez ce dernier un souci de régulation des naissances. Il n’est pas véritablement nécessaire d’adopter une posture herméneutique pour découvrir cela. Cette préoccupation de Platon de planification des naissances se perçoit dans ses œuvres maitresses que sont La République ainsi que les Lois. Ce souci du philosophe grec de limiter les naissances trouve son enracinement dans sa conception de la cité idéale. La cité idéale ne devrait pas excédé un certain nombre d’habitant à savoir 5040 et rester constant. La cité doit être restreinte pour permettre une interconnaissance de ses membres. Une population restreinte permet aussi une meilleure répartition des ressources. 

 

 

En outre, le célibat est vu d’un mauvais œil par Platon. Et cela semble d’ailleurs reflété l’état d’esprit de la société grecque, en général. Quelqu’un qui n’est pas en ménage n’est pas considéré comme mature. Pour les femmes, Platon estime que le mariage devrait intervenir entre 16 et 20 ; quant aux hommes entre 30 et 35 ans. Le célibat même doit être puni d’une amande. Tel était le cas à Sparte : il existait une loi qui condamnait les célibataires endurcis. Robert Flacelière, ira jusqu’à affirmer que pour les grecs de l’antiquité, « le mariage était (…) un mal nécessaire. » Socrate même aurait été polygame : il aurait eu pour épouse Xanthippe, la femme au caractère acariâtre, et Myrtô.

 

 

 Notons que pour Platon, on se marie essentiellement pour avoir des enfants. Car les hommes « doivent contribuer au renouvellement éternel de la nature et toujours fournir des serviteurs à la divinité ». Ne pas en avoir semble relevé d’une infamie. Pour autant, il n’est pas question que les couples en fassent comme bon leur semble. Dès lors, on peut dire que la planification des naissances tant chantée par les ONG en tout genre n’est pas nouvelle. Bien avant les modernes, Platon avait perçu les risques qu’il y’a à avoir un grand nombre d’enfant. Beaucoup d’enfants, beaucoup d’inconvénient. Les familles peinent à les entretenir. A la mort des parents même le partage du patrimoine n’est pas chose aisée. A cet effet, Hésiode est formel : « Puisses-tu n’avoir qu’un fils unique, pour nourrir le patrimoine ! C’est ainsi que la richesse croît dans les maisons. » 

 

Dans la même veine, dans les Lois, Platon nous dit qu’il faut une loi qui encadre voire fixe le nombre d’enfant qu’un couple devrait avoir. A cet effet, deux enfants sont largement suffisant pour un couple : « le nombre d’enfants regardé comme suffisant par la loi sera un garçon et une fille. »

 

La venue au monde des enfants créant des charges pour la famille d’une part et pour l’Etat d’autre part, Platon confère à l’Etat le pouvoir de légiférer sur la famille, le mariage, la fécondité, procréation et même sur la vie et la mort des nouveau-nés. Aussi, le recours à l’infanticide, à l’avortement, à l’émigration ou immigration est permis. Il faut éviter coute que coute les familles trop nombreuses.

 

Jacob KOARA

Platon 

* République

* Les lois

Robert Flacelière, La vie quotidienne en Grèce au siècle de Périclès

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